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Le consortium CM Holding envisage de se désengager de Corse-Matin

Le consortium CM Holding envisage de se désengager de Corse-Matin
Corsica Maritima (CM) Holding, détenteur de 49% du capital de Corse-Presse, société du groupe La Provence éditrice de Corse-Matin, a indiqué «envisager» de se «retirer du capital» du quotidien insulaire, dans un communiqué diffusé mercredi soir.
«La situation du journal reste critique et nous envisageons de nous retirer du capital», écrit le consortium, espérant «seulement pour les salariés corses du journal qu’un repreneur insulaire se fera connaître pour éviter la disparition du quotidien, à moins qu’il ne demeure dans les mains d’un grand groupe continental». 
«Notre but n’a jamais été de contrôler la presse mais seulement de sauver les 220 emplois que représente le journal Corse-Matin sur l’île. Depuis 2018, nous n’en sommes que l’actionnaire minoritaire et nous ne contrôlons rien», assure le consortium.
Faisant notamment référence sans le citer à un article du Canard Enchaîné publié le 16 juin et intitulé «L’étrange Consortium qui fait la loi en Corse», CM Holding indique ne pas «accepter d’être traités de membres d’un système oligarchique», assurant que le «groupement n’a aucun lien avec le monde criminel».
Le consortium précise que deux de ses membres ont «démissionné de leur poste d’administrateurs dans l’attente des décisions de justice les concernant», faisant ainsi référence sans le nommer à Antony Perrino, ancien PDG de Corse-Matin et promoteur immobilier  membre du consortium, mis en examen le 16 janvier dernier pour blanchiment en bande organisée, abus de biens sociaux et association de malfaiteurs dans une enquête sur les avoirs
illicites présumés de la bande criminelle corse dite du «Petit Bar». 
Selon deux sources proches du dossier, le deuxième administrateur démissionnaire est Patrick Rocca, à la tête du groupe du même nom spécialisé dans les transports, la collecte des déchets, l’immobilier et les centres commerciaux. Jugé pour des soupçons de pratique anticoncurrentielle dans l’obtention d’un marché de transport des déchets, il a été relaxé en mars. 
Deux sources au sein du consortium ont indiqué à l’AFP que ce communiqué résumait «le dégoût et le ras-le-bol» ressentis par ces chefs d’entreprises corses «que la rumeur accuse au quotidien de se gaver» sur le dos de l’île : «depuis sa création en 2015, Corsica Maritima Holding n’a jamais distribué un seul euro à ses actionnaires», assure leur communiqué.
Contacté par l’AFP, Jean-Christophe Serfati, PDG de Corse-Presse et de La Provence, a indiqué avoir «appris dans la presse» les déclarations de CM Holding sur une possible sortie du capital de Corse-Presse, actuellement réparti à 49% pour CM Holding et 51% pour La Provence. Il a précisé «discuter avec eux pour voir quel avenir donner à tout cela». 
Dans une lettre interne aux salariés de l’intersyndicale de Corse-Matin datée de juin 2021 et consultée par l’AFP, celle-ci s’inquiète «du danger qui plane sur les emplois» du journal, pointant un déficit de 4 millions d’euros comme résultat net en 2020.
Une source syndicale a indiqué jeudi à l’AFP que les journalistes du titre avaient été «choqués» de voir leur avenir évoqué par CM Holding dans la presse sans que rien ne leur soit dit au préalable.

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