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Echec de l’appel d’offres pour les droits de diffusion du football français

Echec de l’appel d’offres pour les droits de diffusion du football français

L’opération sauvetage du football français a échoué: aucun diffuseur n’a formulé lundi d’offre suffisante pour la reprise des droits TV de Ligue 1, Canal+ et beIN Sports choisissant même de boycotter l’appel d’offres. La crise reprend de plus belle pour les clubs, au bord du précipice.

Après une interminable journée de délibérations au siège parisien de la Ligue de football professionnel (LFP), le verdict est tombé, implacable et cruel.

«Les offres des candidats étaient inférieures aux prix de réserve, fin du match», a précisé le patron du syndicat des joueurs (UNFP), Philippe Piat, au sortir des réunions, précisant que la suite des opérations se déroulera sans doute via des négociations de gré à gré.

La LFP s’est donné un délai de 24 à 48 heures de réflexion, selon des sources ayant connaissance du dossier.
A travers une consultation de marché lancée dans l’urgence le 19 janvier, la Ligue espérait réattribuer l’essentiel des rencontres de Ligue 1 et de Ligue 2 délaissées par le diffuseur défaillant Mediapro (80% des matches), qui avait négocié son retrait du marché en décembre après avoir été incapable de régler ses échéances à l’automne.

Le géant Amazon, la plateforme DAZN et le groupe Discovery ont fait une offre, a-t-on appris de sources ayant connaissance du dossier.
Plusieurs enveloppes ont certes été déposées dans la matinée, mais aucune n’a été jugée suffisamment convaincante –qualitativement ou quantitativement– par le comité de pilotage réuni dans l’après-midi, composé notamment de Jean-Michel Aulas et Jacques-Henri Eyraud, les présidents de Lyon et Marseille.
Néanmoins, «la situation est intéressante», a positivé Aulas, laissant entendre que les offres pouvaient laisser espérer des négociations de gré à gré positives avec les potentiels repreneurs ces prochains jours.
Mais chaque jour qui passe comptera pour les clubs, qui anticipent déjà des pertes de 1,3 milliard d’euros en fin de saison, entre pandémie et crise des droits télévisuels.
A très court terme, il faudra décider dans l’urgence des modalités de diffusion de la journée de championnat prévue ce week-end et marquée par le grand sommet de la Ligue 1, opposant Marseille au Paris SG, dimanche.
Téléfoot, la chaîne de Mediapro qui continue d’émettre au moins jusqu’à mercredi et semble prête à jouer les prolongations, sera-t-elle une option ? En tout cas, l’espoir de voir cette grande affiche rapporter gros au football français semble désormais extrêmement mince.

D’autres mauvaises nouvelles sont venues renforcer l’inquiétude: Canal+ et beIN Sports, les deux diffuseurs principaux du foot français ces dernières années, n’ont pas formulé d’offre, actant quasiment le scénario du pire pour les dirigeants du foot pro.

La chaîne cryptée, qui diffuse les 20% restants de la Ligue 1 contre 330 M EUR annuels, conteste les modalités de la procédure lancée par la LFP, auprès du tribunal de commerce de Paris et de l’Autorité de la concurrence.

 

Et le groupe qatari, dont le patron Nasser Al-Khelaïfi est aussi celui du Paris SG, semble avoir choisi le même camp que le groupe de Vivendi. Même pour la plus abordable Ligue 2, qu’il diffuse déjà en partie, beIN n’a pas avancé ses pions.

L’horizon est donc totalement assombri pour les clubs, qui ont clairement tiré un trait sur le 1,217 milliard d’euros initialement promis après l’appel d’offres de 2018, L1 et L2 confondues.

Pire, ils risquent désormais de faire face à de possibles nouvelles interruptions de paiement: Canal+ a en effet indiqué qu’elle souhaitait restituer son lot de rencontres (racheté à beIN Sports via un accord de sous-licence), estimant sa valeur «surévaluée» dans le contexte de l’appel d’offres de 2018. Or, un versement de la chaîne cryptée est attendu vendredi…

Seul soulagement pour le secteur: plusieurs candidats se sont tout de même manifestés, y compris le directeur éditorial de la chaîne Téléfoot, Jean-Michel Roussier, en son nom propre, dans des modalités qui restent à définir, selon une source proche du dossier confirmant une information de L’Équipe.

Est-ce le signe que le football français plaît toujours à certains diffuseurs ? Pas à n’importe quel prix, en tout cas, même si les montants minimums fixés par la LFP n’ont pas été révélés.

Amazon, le géant du web qui commence à investir dans les droits sportifs, a en tout cas passé le nez par la porte. Ses incursions ailleurs en Europe sont restées limitées, et rarement à fort montant.

Interrogée par l’AFP, Altice, maison mère de SFR/RMC Sport, n’a pas souhaité faire de commentaires, comme Canal+ et beIN Sports.

(Avec AFP)

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