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2 milliards d’euros pour la culture, en attendant des précisions

2 milliards d’euros pour la culture, en attendant des précisions
Le spectacle vivant, frappé de plein fouet par la crise du coronavirus, s’est vu offrir un ballon d’oxygène par Jean Castex qui a annoncé deux milliards d’euros d’aide à la culture, dont les représentants attendent toutefois de connaître les détails.
Les professionnels du secteur, dont certains rencontreront jeudi le Premier ministre, souhaitaient un signal fort du gouvernement.
«Il faut aller au théâtre, au cinéma, vous ne risquez rien», a lancé Jean Castex lors d’une interview mercredi matin sur France Inter.
«Cet appel est une très bonne chose; c’est un message de clarté qui dit qu’il n’y a pas de danger à fréquenter les salles, c’est extrêmement important», a affirmé à l’AFP Jean-Marc Dumontet, influent propriétaire de théâtres privés parisiens.
Le secteur de la culture bénéficiera ainsi d’une «dotation exceptionnelle» de deux milliards d’euros dans le plan de relance, a dévoilé Jean Castex.
«On est plutôt agréablement surpris d’avoir entendu le Premier ministre mettre aussi haut la question du secteur culturel, après quatre mois où on a été relégué systématiquement en fin de discours», s’est félicité Nicolas Dubourg, président du Syndeac (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles), joint par l’AFP.
Outre l’aide, le Premier ministre a précisé la principale règle qui marquera la rentrée culturelle : le «masque obligatoire» dans les salles.
Une obligation qui viendrait remplacer en quelque sorte la distanciation physique dans les salles, décriée par le milieu du spectacle vivant. Mais «dans les zones de circulation virale (comme en région parisienne, ndlr), il y aura le cumul des deux», masque et distanciation physique, a précisé M. Castex, une précision avancée également par la ministre de la Culture Roselyne Bachelot dans un tweet.
Le spectacle vivant, en France et à l’étranger, conteste depuis des mois une politique de deux poids deux mesures avec les transports.
«Pourquoi les salles de spectacle, concert, théâtre… n’ont pas le droit d’ouvrir avec une jauge normale et port du masque obligatoire alors qu’on peut prendre le train, l’avion, les transports avec une jauge à 100% ?», s’indignait encore mardi le violoncelliste français Gautier Capuçon sur Twitter.
Pour autant, Jean-Marc Dumontet estime que «les règles deviennent plus claires» et qu’au moins dans «les régions où le virus n’est pas actif, on peut assister à des spectacles avec une jauge 100%, c’est un signal fort et encourageant».
Pour le président du Syndeac, le syndicat veillera à ce que les artistes, les compagnies et les auteurs soient «bien pris en compte» dans l’aide des deux milliards d’euros, afin qu’ils ne soient pas «la dernière roue du carrosse».
Selon lui, «il ne suffit pas de sauver les murs des théâtres car les effets de la crise vont se ressentir encore dans deux, trois ans». «Les grandes institutions vont s’en sortir mais ce sont les plus fragiles qui risquent de disparaître de manière silencieuse», ajoute-t-il.
Le chef du gouvernement a également annoncé des compensations pour les salles de spectacle et les cinémas, pour combler «l’écart entre les recettes issues des contraintes sanitaires et ce qui aurait été leur point d’équilibre».
Le gouvernement avait déjà pris au printemps une série de mesures en faveur du spectacle vivant, notamment une «année blanche» pour les intermittents du spectacle.
Jean Castex doit également rencontrer les représentants du secteur du cinéma vendredi et se rendre au festival d’Angoulême ce même jour avec Roselyne Bachelot. Il s’agira du premier festival français d’importance à se tenir après l’annulation de Cannes au printemps.
Un rendez-vous attendu par le délégué général de la Fédération nationale des cinémas français, qui souhaite des «détails» sur le plan d’aide mais conteste surtout le cumul du masque et de la distanciation dans les salles de cinéma, dans les zones de circulation virale : «c’est la double peine pour la culture, c’est incompréhensible», a-t-il déclaré à l’AFP.
Le grand oublié semble être le secteur des musiques actuelles, ni M. Castex, ni Mme Bachelot n’ayant évoqué spécifiquement les concerts où les fosses – spectateurs debout – sont toujours interdites, ce qui représente un gros manque à gagner pour nombre de salles.
«J’attends la réunion de jeudi pour voir la composition et la ventilation de cette enveloppe de 2 milliards», commente pour l’AFP Aurélie Hannedouche, du Syndicat des musiques actuelles (SMA). «Le gouvernement a pris conscience qu’il y a péril en la demeure et qu’il faut mettre les bouchées doubles, sinon, on va disparaître».
(Avec AFP)
 

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